Mullu est le nom pré-hispanique du coquillage Spondylus (spondylus princeps) originaire des mers chaudes de l’Équateur et du Nord du Pérou (golf de Guayaquil et côtes de Tumbes). Ce bivalve se reconnaît facilement a sa couleur variant du orange au violet en passant par le rouge et à ses piquants qui parsèment sa coquille.

Les différents coquillages de la famille des Spondylus ont été utilisés depuis longtemps dans divers partie du monde afin de confectionner bijoux et ornements.
Dans le Pérou pré-hispanique, le Mullu fut l’un des biens rituels les plus précieux depuis le début de la civilisation. On a retrouvé des objets confectionnés à partir de Spondylus dans des sites archéologiques très anciens de la côte Nord du Pérou comme Áspero ou La Galgada (époque pré céramique) et jusqu’au début de la colonie, ce coquillage constituait toujours une offrande importantes pour les dieux des principaux sanctuaires du Tawantinsuyu.

Les objets en Spondylus
Depuis l’époque pré-hispanique, le Mullu était très apprécié pour la confection d’objets rituels et d’ornements. Les musée du Pérou regorgent ainsi d’objets confectionnés avec ce coquillage. Les perles (chaquiras) de Mullu servaient a confectionner colliers, bracelets et plastrons.

On sait également que le Spondylus était une offrande commune pour les sanctuaires religieux ou pour accompagner des enterrements. Ainsi dans les manuscrits de Huarochirí on peut lire les légendes de Pariacaca (glacier des Andes centrales et principal Apu du Chinchaysuyo) auquel on offrait du Mullu.

Un lac situé proche du glacier et de la zone sacrée de Pariacaca porte d’ailleurs le nom de Mullucocha (le lac du Spondylus).

Prédire le climat avec le Mullu
Le Spondylus se reproduit dans des eaux chaudes de l’Équateur, lorsqu’on en trouve en abondance sur la côte Nord du Pérou cela signifie que la la température de l’Océan Pacifique à augmentée. C’est un signe annonciateur du phénomène del Niño (affaiblissement du courant froid de Humbold qui provoque des catastrophes climatique dans les pays andins). A l’inverse, si le Spondylus est absent sur la côte Nord du Pérou, cela signifie un affaiblissement du courant chaud del Niño, soit la caractéristique du phénomène appelé la Niña, provocant des sécheresses importantes dans les Andes.
Les peuples du Pérou pré-hispanique avaient connaissance du phénomène del Niño qui a en partie conditionné le développement de la civilisation dans cette région du monde et fait disparaître certaines des plus grandes civilisations andines. On pense que les prêtres et oracles des grands temples du Pérou pré-hispanique utilisaient les migrations des Spondylus afin de prédire les événements climatiques et déterminer le début des saisons agricoles.
Photo Pachacamac
Les routes commerciales du Mullu
Malgré la zone de vie réduite du Spondylus, on a retrouvé des objets rituels en Mullu dans toute la cordillère des Andes.Selon les études de Jorge Marcos, l’un des plus grand lieux de pêche de Spondylus aurait été l’île de La Plata située sur les côtes de l’Équateur. On a retrouvé des objets appartenant aux grandes civilisations tardives du Nord du Pérou (Lambayeque, Chimu) sur l’île. Selon l’historienne Maria Rostworowski la civilisation Chincha (qui s’est développée durant l’intermédiaire tardif dans la vallée de Chincha à 200km au Sud de Lima) contrôlait une importante route maritime et terrestre qui leur permettait d’échanger du cuivre importé des Andes par voie terrestre contre des Spondylus importés par voiliers depuis l’Équateur.

Des fresques murales de la civilisation Lambayeque représentant la pêche du Spondylus en bateau ont été retrouvé dans la Huaca Las Balsas a Tucume. On a également retrouvé des céramiques Lambayeque et Chimu sur l’ile de La Plata en Équateur, et l’on sait que ces peuples était des navigateurs avertis, le rôle des civilisations du nord Pérou dans l’exploitation du Mullu devait donc être également important.

Pour Hocquenghem, les échanges de Spondylus se faisaient via une route terrestre via le Sud de l’Équateur et le Nord du Pérou comme l’attestent des fouilles effectuées sur des sites qui auraient été des arrêts sur la route du Mullu.
Toutes ces théories sont probablement vraies et plusieurs routes du Spondylus ont pu se succéder ou cohabiter.
Le saviez vous ?
- Les huaqueros (pilleurs de tombes) et les habitants de la côte Nord du Pérou portent souvent des colliers et bracelets en chaquiras préhispaniques.
- Aujourd’hui on trouve des tas de bijoux en Spondylus dans tout le Pérou, vous en trouverez facilement lors de votre voyage.
- Vous pourrez voir des Mullu ou des objets rituels dérivés dans la plupart des musées d’archéologie du Pérou.

Sources
http://m.arqueologiadelperu.com.ar//mullu.htm
José Maria Arguedas, Dioses y hombres de Huarochirí, Lima, IEP, 2017, 278p.
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