Sondor

Introduction

Le site de Sondor est une ruine inca associée au Qhapaq Ñan, situé proche de la laguna Pacucha et sur la huaca de mullu mullu. Sondor occupe une crête située à 3220m d’altitude qui offre une vue imprenable sur la partie Ouest de la cordillère Vilcabamba, le site très esthétique s’inscrit ainsi au sein d’une géographie sacrée.

Comment s’y rendre

Depuis Andahuaylas : En taxi, on emprunte la route en direction d’Abancay puis un embranchement mène via une piste jusqu’au lac de Pacucha et au parking du site de Sondor. Compter 50 minutes de route.

Chronologie du site

L’explorateur français Charles Wiener sera le premier à décrire par le site en 1877 et réalisera des dessins de céramiques de Sondor appartenant à un collectionneur local.

En 1995, Truyenque décrit le site de Sondor dans le cadre d’une étude centrée sur la culture Chanka.

En 1997 et 1998 est mené le premier projet d’investigation, restauration et mise en valeur de Sondor par Pérez, Vivanco et Amorín de l’université San Cristobal de Huamanga (Ayacucho).

En 2013, un projet de mise en valeur du site archéologique est approuvé par le gouvernement et ce n’est qu’en aout 2022 que le ministère de la culture finalisera le processus « d’assainissement physico-légal », soit le processus de délimitation du site archéologique et son inscription au cadastre.

Visite

Le site de Sondor occupe une large crête à 3220m d’altitude, le nom original serait Suntur qui signifie « circulaire » ou « rond » en quechua. Le terme se réfère à la forme de l’ushnu qui surplombe le site archéologique. Les ushus circulaires sont rares dans le Tawantinsuyu, et celui de l’apu Muyumuyu de Sondor en est l’exemple le plus monumental.

Secteur A : Illapata ou Huayranapata

Ce Secteur est situé à l’Ouest sur le flanc de la montagne Wituniyoq, il se compose d’une place et d’une callanca en mauvais état de conservation. Il est aujourd’hui traversé par une route et le parking du site occupe ce secteur.

Secteur B : Pucaracay

Pucaracay est le premier secteur sur votre droite en entrant sur le site. Cette structure rectangulaire est délimitée par un mur de 35x29m. L’accès donne sur la place principale et le secteur est composé de deux canchas typiques de l’époque inca : une cour intérieure entourée de bâtiments.

Secteur C : Sondor

Cette structure en escalier de forme ovale s’élève au nord de la place principale. Ce bâtiment est délimité par un long mur de soutènement et possède deux entrées. L’entrée principale au Sud passe par une porte à double jambage associée à un escalier qui mène au sommet. Au sommet se trouve une large place et deux bâtiments rectangulaires, ce secteur est sans doute le plus important, on y accède uniquement par la porte principale. Les bâtiments étaient recouverts d’argile teintée de rouge et de blanc provenant de la zone et possédaient des toits à double pente recouverte d’icchu. Les sols parfaitement ouvragés et les murs peints semblent indiquer que ce secteur servait de résidence à un personnage d’élite, peut-être le gouverneur de Sondor.

Une autre entrée située à l’Ouest mène au premier niveau où se trouvent cinq bâtiments rectangulaires distribués autour d’une cour centrale. Les bâtiments sont typiques de l’époque inca avec des murs de 2,5 m de haut, les toitures étaient à double pente et les portes donnent sur la place. Les sols des bâtiments abritent des traces de foyers qui semblent indiquer un usage domestique de ce secteur. Sous ce secteur a été retrouvée la base d’un mur finement ouvragé, cela indique de possibles changements dans l’occupation de ce secteur.

Secteur D : Pukacorral

Ce secteur est voisin de la place principale et s’élève au-dessus de tous les autres (à l’exception du secteur mullu mullu qui est excentré) sur une colline d’une vingtaine de mètres.

Au sommet s’élèvent sept bâtiments distribués autour d’une place centrale. On accède à la partie supérieure par une porte de double jambage située au sud de la place pavée qui donne accès à une rampe menant au coin Sud-Ouest de la plateforme. Une autre entrée avec une porte à double jambage mène vers le secteur de mullu mullu.

Le côté Ouest est composé d’une série de terrasses s’élevant au-dessus d’une superbe place pavée enclavée entre Sondor et Pukacorral.

La seconde terrasse possède un mur orné de sept niches trapézoïdales. Le mur semble avoir été modifié dans un second temps avec des murs qui recouvrent partiellement des niches. L’autel carré au nord semble avoir été dédié à des sacrifices, ainsi une grande quantité d’ossement d’enfants ont été retrouvés ici.

Sur la partie basse donnant vers mullu mullu se trouvent les restes de 3 callancas, les plus grandes  mesurant 27×10 m et sont ornées de niches et de portes.

La troisième plus petite mesure 17×8 m et possède une orientation différente. Les accès des callancas convergent tous vers une place centrale.

Secteur E : Mullu Mullu

C’est le secteur le plus imposant du site, il se compose d’un grand monticule naturel orné de terrasses et surmonté d’une plateforme sur laquelle affleurent deux rochers.

On accède par l’Ouest via une porte à double jambage donnant sur un escalier entouré de parapets qui monte jusqu’au sommet.

La montagne est ornée de 10 murs de contention sur son flanc Ouest, adossé à des formations rocheuses. Les terrasses ont été construites en pierre locale basaltique et de la terre fertile a probablement été importée pour la dernière couche. Il est probable que ces terrasses aient servi à la culture de pomme de terre ou d’oca. Le flanc Sud abrite des cavités dans lesquelles ont été retrouvés des enterrements. Près du sommet se trouve une file de bâtiments qui servaient probablement de colcas destinées à stocker la production.

Mullumullu est l’apu de Sondor, la roche mère de la montagne affleurant au sommet servait probablement d’autel pour des rituels. Le nom mullumullu fait référence au coquillage spondylus sp. Offrande de choix appréciée des apus (pour plus d’information lire le dossier sur le mullu) . On notera le caractère bicéphale de l’apu dont l’autel est composé d’une double roche. La dualité étant un concept très important dans les Andes, les montagnes à double sommet étaient probablement importantes et l’on retrouve par exemple cette caractéristique pour l’apu Pariacaca, divinité importante du Chinchaysuyo.

Secteur F : Bandorcancha

Ce secteur constitue la limite Est du site inca, il est composé de quatre callancas disposées en U autour d’un grand patio de 2000m2. Ce secteur aurait pu servir d’atelier ou de logement destiné à abriter une large population. Sa localisation fait qu’elles auraient pu être associées à des évènements comme des cérémonies liées à la huaca de mullumullu.

Secteur G : Suyturumi

Ce secteur occupe la montagne voisine de Bandorcancha, il se compose de petits complexes d’édifices circulaires disposés autour de places s’adaptant au relief du terrain. Ces 40 bâtiments sont probablement d’époque Huari et Chanka. Les bâtiments sont répartis sur 3 niveaux mais la majorité est aujourd’hui recouverte par de la végétation. Les bâtiments ont une maçonnerie simple et mesurent 6 à 7 m de diamètre.

Les céramiques découvertes lors de fouilles laissent penser que ce secteur aurait pu coexister avec les secteurs incas, cela va dans le sens d’une hypothèse selon laquelle les chankas d’Andahuaylas n’auraient pas été totalement remplacés par des mitimaes (travailleurs déplacés) . Au contraire dans la zone voisine d’Uranmarca, la population aurait été largement déplacée pour être remplacée par d’autres communautés.

Chemins et canaux  

Un chemin de circulation évident traversait toute la crête de la montagne avant de rejoindre Suyturumi puis de poursuivre vers Curamba. Le site est associé au tronçon longitudinal andin du Qhapaq Ñan qui passait par Sondor et provenait de Curamba à l’Est pour rejoindre ensuite Andahuaylas au Sud-Ouest.

Un canal alimentait le site en eau depuis une source situé à 4 km, des restes du canal ont été retrouvés près de la place et mènent à la place pavé qui servait peut être comme une sorte de réservoir.

Carrière

Les carrières se trouvent sur place et jusqu’à aujourd’hui les habitants de la zone utilisent des pierres provenant des différentes montagnes de Sondor. L’agile ornant les bâtiments provient de la vallée de Cotahuacho.

Enterrements et sacrifices

Les restes de 33 individus ont été retrouvés sur la terrasse cérémonielle de Pukacorral. Ils avaient entre 6 et 17 ans et l’on a identifié 5 garçons et 11 filles. Tous les corps étaient enterrés sur le sol de la terrasse. De nombreux ossements ont également été retrouvés sur l’autel ce qui laissent penser à des sacrifices.

L’absence de trousseaux funéraires et d’indices de mort naturelle laisse penser que les enterrements étaient donc également des sacrifices de capacocha (sacrifices d’enfants destinés à calmer les divinités et éviter les catastrophes naturelles). Plusieurs traces de mutilations ont aussi été notées notamment des pieds coupés.

Conclusion

Sondor fait partie de ces sites incas mythiques qui bien que restaurés, restent encore rarement visités, surtout si vous venez en semaine hors congés péruviens. Profitez de le découvrir pendant qu’il est encore possible de déambuler librement à travers tous ses bâtiments !

Le saviez vous ?

• La région d’Apurimac est rarement visitée, et pourtant elle abrite bon nombre de site archéologiques incas intéressants comme Sondor, Curamba, Saywite.
• Aujourd’hui isolée, la région d’Apurimac et le site de Sondor étaient autrefois situés sur l’axe principal du tronçon andin du Qhapaq Ñan. Cette route restera un axe de communication majeur entre Lima et Cusco jusqu’au début du XXème siècle.
• La région abrite un autre ushnu circulaire appelé muyo muyo, il est situé dans le village d’Uranmarca et surplombe le rio Pampas.

Infos pratiques

• Prix d’entrée : S/.3
• Type d’accès : Voiture
• Temps d’accès : 50 min de route
• Département/Province : Apurimac/Andahuyalas
• Altitude : 3220m
• Ville de départ suggérée : Andahuaylas
• Temps de visite : 1 à 2h.
• Service de guide : Non
• Service de muletiers : Non
• État du site : Restauré
• Musée de site : Non

Sources

Ismael Pérez, Cirilo Vivanco y José Amorín. Sondor, establecimiento inca en Pacucha, Andahuaylas. BOLETÍN DE ARQUEOLOGIA PUCP N°7, 2003, 365-385

HÉCTOR CARHUAS TENORIO. Impacto del tawantinsuyu en el sitio de sondor: una perspectiva desde el territorio chanka, andahuaylas, apurímac. Universidad Nacional de San Cristóbal de Huamanga. 2020. 250 p.