Dans le Nord Pérou s’étend l’un des plus grands vestiges de la route longitudinale des Andes, colonne vertébrale du Qhapaq Ñan : le réseau des routes incas.
Cet axe qui reliait Cusco à l’Équateur et au Nord du Tawantinsuyo traversait la cordillère des Andes en franchissant tous les obstacles. Aujourd’hui, le segment qui relie Huamachuco dans la région de la Libertad au plateau de Junin dans le centre du Pérou est surement le plus long et le mieux conservé de cette grande route inca.
C’est ce segment que nous vous proposons de découvrir au travers de prises de vues immersives à 360°.
Dans cette première partie nous marcherons de Huamachuco jusqu’à Huari, de la région de la Libertad à celle d’Ancash.
Notes
Les vues 360° peuvent être consultées en plein écran en cliquant sur « afficher dans google maps ».
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Un problème de vocabulaire ? Pensez à regarder du côté du glossaire du Pérou précolombien !
Laguna cuchuro
Dans le nord de la région de la Libertad se trouve l’un des tronçons les plus spectaculaires de la route inca longitudinale des Andes. Ce segment débute vers la ville de Huamachuco, cette ville peu connue abrite des ruines spectaculaires et devrait devenir une étape touristique incontournable du Nord Pérou.
Depuis Huamachuco, le Qhapaq Ñan monte vers la laguna Cuchuro et si l’on trouve peu de vestiges jusqu’à la lagune Cuchuro, la partie qui suit le lac est spectaculaire. La route inca monte droit vers un premier col pour longer le cerro Huaylillas dévoilant un superbe panorama sur l’immense lac Cuchuro. La cordillère de Huaylillas abrite ainsi 27 lacs encore préservés des ravages de l’industrie minière omniprésente dans la région, bien que la zone suscite l’intérêt des politiques locaux elle n’est toujours pas protégée par le Sernanp (service national des zones naturelles protégée par l’Etat).
Escalerillas
Le Qhapaq ñan franchit ici les premières montagnes d’envergure depuis son arrivée d’Équateur, ce sont au total 3 cols entre 4050m et 4200m d’altitude qui seront traversés sur 3,5 kilomètres de route inca parsemée d’escaliers.
Les Escalerillas constituent sans aucun doute l’un des secteurs d’escaliers incas les plus importants du Qhapaq Ñan. L’Apu Huaylillas est une montagne sacrée et le Qhapaq Ñan ne passe pas ici par hasard, en effet plusieurs études tendent à démontrer que les routes incas mettait en scène la géographie sacrée des régions traversées.
Sur les hauteurs de Conchucos : Vallée du Rio Tauli
Conchucos marque le début de la longue traversée par le flanc Oriental de la cordillère blanche. Un second tronçon de chemin inca, appelé route du Chinchaysuyo par Regal, longeait également la cordillère par son coté occidental et rejoignait la route principale sur le plateau de Junin.
La route quitte rapidement le village pour monter progressivement vers la puna à travers la vallée de Tauli, on passe de sections étroites à des passages de large chemin bordé de murs de soutènement comme sur cet exemple.
Tambo de Pariachuco
Le tambo de Pariachuco est le premier tambo d’envergure que l’on trouve depuis la région de Cajamarca et c’est aussi l’un de plus beau de cette route. Après une longue montée depuis le village de Conchucos, la vallée chaude et verdoyante laisse place aux prairies d’altitude humides où se trouvent plusieurs lacs, puis le tambo de Pariachuco apparait subitement, niché au pied du col.
Bien qu’abandonnées, les ruines sont encore en assez bon état et laissent deviner un haut mur d’enceinte encadrant 7 bâtiments organisés autour de deux canchas (cours intérieures). Un chemin se sépare du Qhapaq ñan pour relier le tambo et passe en bordure d’un lac saisonnier contenu par un large mur inca. Notons qu’une petite callanca se trouve éloignée du tambo en bordure de la laguna tinta.
Qhapaq ñan dans le secteur de Pariachuco
Une fois le col de Pariachuco franchi, le Qhapaq Ñan repose sur une crête qu’il suit durant environ 2km. La vallée sauvage et parsemée de lacs a malheureusement été défigurée par une piste qui passe même par-dessus la route inca pour franchir la crête.
Escalier au Cerro Ciurapucra
Ce superbe escalier inca semble avoir été épargné par un des nombreux tronçons de piste non terminé dans ce secteur. Il sert à franchir une petite barre rocheuse et éviter un contournement de moins de 150 m !
Le Tambo OUBLIÉ
Le tambo oublié était l’un des objectifs de l’expédition Qhapaq Ñan 2022. Ces ruines découvertes par hasard sur des vues satellites ne se trouvent pas sur le tronçon principal de la route. Depuis le col de Palo Seco où passe la route inca, un tronçon secondaire semble se diriger vers la ville de Sicsibamba, au bout de 4 kilomètres le tambo inca se niche sur un petit plateau entre deux ruines plus anciennes. La route poursuit sur la crête qui abrite d’autres ruines incas sur les hauteurs de Sicsibamba.
Le tambo se divise en 3 secteurs : le tambo composé d’une immense callanca et de deux groupes de bâtiments organisés en 7 canchas (cour intérieur entourée de maisons). La structure orthogonale est un immense édifice situé plus bas et divisé en 5 espaces intérieures rectangulaires. Les dimensions du bâtiment laissent penser à un parc à camélidés. Enfin un groupe de bâtiment se trouve à l’écart de l’autre côté de la route inca, on distingue une cancha ainsi qu’un mur et des bâtiments isolés, la zone semble avoir été occupée par des édifices plus anciens.
Qhapaq Ñan entre le col de Palo Seco et Pomabamba
Revenons à la route principale, après le col de Palo Seco, la route inca se dirige vers la ville actuelle de Pomabamba. Une piste moderne emprunte quasiment le même itinéraire mais a heureusement épargné en grande partie le Qhapaq Ñan qui semble ici totalement abandonné depuis des siècles et fait face aux glaciers de la cordillère blanche.
Les buissons, les zones humides et les glissements de terrain sont nombreux et constituent un véritable parcours du combattant pour les randonneurs, cependant il constitue pour nous l’un des plus beaux tronçons du Qhapaq ñan !
Site Archéologique de Mision Hirca ou Pomabamba vieja
Cette interminable route en quasi hors sentier depuis le col de Palo seco débouche enfin sur le col qui dévoile la ville de Pomabamba nichée tout au fond de la vallée au pied du massif de l’Alpamayo. Le Qhapaq Ñan se perd entre une piste zigzagante puis apparait totalement couvert de buissons près des ruines de Pomabamba vieja ou Mision Hirca.
Un tronçon secondaire beaucoup plus simple à emprunter passe sur les crêtes à travers d’anciennes ruines Recuay. Les deux chemins se rejoignent et pénètrent sur l’immense place de Mision hirca, un site aujourd’hui perdu sous les buissons et les eucalyptus. Pour plus d’informations sur ce site archéologique, consulter l’article dédié.
Site Archéologique de Yayno Près de Pomabamba
Un peu à l’écart du Qhapaq Ñan se trouve une ruine majeure de l’époque Recuay (400-800) : Yayno. Ce site aux allures de forteresse se dresse sur les hauteurs de Pomabamba en face du Qhapaq Ñan et il est possible de le rejoindre rapidement depuis la ville en taxi et à pieds. Voir l’article détaillé dédié à ce site archéologique.
Tambo de Maraycalla
Après Pomabamba, le Qhapaq Ñan atteint la ville de Piscobamba, plonge dans une vallée désertique, puis franchit le rio Yanamayo grâce au pont de Pucayaku. Une longue remontée mène au village de Yauya puis vers le tambo de Maraycalla.
Le site est constitué d’une structure orthogonale partiellement détruite et d’un petit groupe d’édifices composé de 4 bâtiments et d’une callanca.
Colcas de Huaritambo
Après une longue traversée d’altitude sur une chaussée spectaculaire, la route inca pénètre dans la large vallée de Huari et arrive au tambo de Huaritambo. Le site a aujourd’hui disparu sous le village mais on distingue encore la place inca formée par l’actuelle cour de l’école, le temple et son mur circulaire sur lesquels ont été construit l’école et une cancha formée par le cimetière.
Au-dessus du village se trouvent les restes de colcas, des greniers de stockage qui ont été restaurés. On y accède par un superbe chemin, puis on franchit un secteur de terrasses pour arriver à une longue ligne d’une vingtaine de colcas rectangulaires, au bout se trouvent 3 édifices de plus grande taille. Le tambo de Huaritambo était probablement lié à la gestion de cette grande vallée agricole.
Rendez vous dans la seconde partie !