Qhapaq Ñan : La grande route inca du Nord Pérou, seconde partie – Visite 360°

Dans le Nord Pérou s’étend l’un des plus grands vestiges de la route longitudinale des Andes, colonne vertébrale du Qhapaq Ñan le réseau des routes incas.

Cet axe qui reliait Cusco à l’Équateur et au Nord du Tawantinsuyo traversait la cordillère des Andes en franchissant tous les obstacles. Aujourd’hui, le segment qui relie Huamachuco dans la région de la Libertad au plateau de Junin dans le centre du Pérou est surement le plus long et le mieux conservé ce cette grande route inca.

C’est ce segment que nous vous proposons de découvrir au travers de prise de vues immersives à 360°.

Dans cette seconde partie, nous découvrirons l’Inca Naani, nom donné à la route inca qui traverse les régions andines d’Ancash, de Huanuco et de Pasco de la ville de Huari jusqu’à Huarautambo et la ville de Yanahuanca.

Si vous n’avez pas encore consulté la première partie du voyage rendez-vous ici.

Le Qhapaq Ñan à Soledad de Tambo

Après Huari le Qhapaq Ñan franchissait le fleuve Puchca par le pont de Pomachaka avant de remonter la vallée aride jusqu’à l’actuel village de Castillo et au hameau de Soledad de Tambo. Le tambo de Soledad et le chemin inca associé ont été restaurés.

Soledad de Tambo

Le nom inca du tambo de Soledad est Pincosmarca ou Pinkush. Le terme « Pincos » se réfère au nom des habitants de cette région conquise par les incas.

Ce lieu était un tambo royal et administrait probablement la vallée, depuis Soledad de Tambo partaient des chemins vers les sites religieux et villages voisins. Bien que les ruines actuelles soient d’une envergure probablement inférieure à l’aspect original du site inca, elles sont particulièrement bien conservées et permettent d’observer l’organisation des bâtiments construit autour de la cancha, la cour intérieure.

Ushno de Pincosmarca

L’ushnu de Pincosmarca mesure 15x20m et s’élève à 3.80m du sol. Il était probablement l’élément central du site inca de Pincosmarca ce qui nous donne une idée de la taille du site original.

Les études des historiens ont démontrées que les angles du l’ushnu formaient des lignes imaginaires pointant vers les jircas ou apu locaux (les montagnes sacrées). Les ushnu servaient de plateformes cérémonielles sur lesquelles étaient effectuée des offrandes liquides ou des sacrifices, on remarquera que celui-ci conserve la cavité destinée aux offrandes. De plus, les sépultures d’un adulte et d’un enfant ont été retrouvées sur la plateforme. Vous pouvez consulter l’article sur les ushnus pour plus d’informations.

Secteur Colcas à Soledad de Tambo

Pincosmarca administrait une vallée agricole et ce secteur situé en contrebas de la route inca était dédié au stockage des aliments.

Escaliers sur les hauteurs d’Ayash

Après la vallée de Pincos, le Qhapaq ñan franchit le col de Waga punta à plus de 4380 m avant d’atteindre le tambo de San Cristobal et son école fantôme.

Il redescend alors vers la petite ville minière d’Ayash puis remonte en direction du col Huamanin. Cette longue montée est parsemée de larges escaliers en très bon état. On atteint ensuite le col où une route menant vers la mine d’Antamina traverse le chemin inca en défigurant le paysage.

Tambo de Taparako

Après une immense vallée de haute altitude, la route inca parvient au hameau de Taparako où se nichent les ruines d’un immense tambo royal. Comme souvent, une école isolée réutilise partiellement les ruines et l’ancienne place inca.

De Taparako partait un chemin inca transversal menant au rio Marañon : ce fleuve profond est l’une des plus grandes barrières géographiques du Pérou. Une route longitudinale secondaire partait alors vers le nord en direction de Chachapoyas.

C’est dans cette vallée que se déroule une anecdote invraisemblable de l’explorateur français Charles Wiener au 19eme siècle. Alors qu’il descend en rappel pour explorer une sépulture dans une falaise il décide d’emporter une momie, il demande alors aux muletiers péruviens l’accompagnant de tirer sur la corde pour remonter tout en attachant la momie au-dessus de lui. En voyant apparaitre le crane du défunt au lieu du visage de Wiener en haut de la falaise, les muletiers aurait alors lâchés la corde de peur, avant de la rattraper de justesse… la momie sera brisée dans la chute mais Wiener échappera de justesse à la mort.

Bases d’un pont inca dans la vallée du Rio Taparako

La descente dans la vallée de Taparako se fait au sein d’un paysage bucolique entre canyon, cascades et forêts de queñuales (arbre natif des Andes).

Les restes d’un pont inca traversent ici le rio Taparako, probablement afin de rallier un site voisin et une route inca secondaire située en rive gauche.

Chaussée surélevée dans la vallée du Rio Taparako

Durant sa traversée de la vallée de Taparako, le Qhapaq ñan adopte plusieurs aspects différents, ici une chaussée surélevée permet probablement de traverser cette vallée humide les pieds au sec en saison des pluies.

Ushnu de Huanuco Pampa

La route inca atteint finalement la ville actuelle de Huaricashash à la sortie de la vallée de Taparako avant de plonger vers le rio Vizcarra et de remonter tout droit vers le site de Huanuco Pampa.

Ce centre provincial administrait une large région et faisait probablement parti des plus importants sites incas du Tawantinsuyo. Aujourd’hui c’est sans aucun doute la plus grande ruine inca hors de la région de Cusco. Si le site a été aussi bien épargné par les constructions modernes, c’est parce que les espagnols ont rapidement quittés ce haut plateau trop froid pour fonder la ville de Huánuco, nichée dans une vallée chaude à une soixantaine de kilomètres à vol d’oiseau. 

L’immense ushnu trône au milieu de la place centrale de Huanuco Pampa, cette plateforme cérémonielle était un élément central des sites incas. On observe des ruines rectangulaires en plein cœur de la place, ce sont des bâtiments construit par les espagnols lors de leur arrivée à Huanuco Pampa.

Palais de l’inca à Huanuco Pampa

Le palais inca fait partie des rares secteurs étudié et restauré à Huanuco Pampa, il forme un vaste complexe fermé au sein du site et il faut franchir trois portes monumentales et deux immenses places pour arriver vers deux canchas abritant des bâtiments à l’architecture fine. Un bain cérémoniel semi enterré se trouve également à l’intérieur d’un bâtiment.

Les superbes portes ornées de pumas sont aujourd’hui le symbole touristique du site archéologique de Huanuco Pampa.

Le Qhapaq Ñan dans le secteur de Hierba Buena

La route inca traverse Huanuco Pampa et franchit le plateau en passant au beau milieu d’un petit lac avant de remonter vers la vallée chaude de Hierba buena. On notera l’une des trop nombreuses lignes à haute tension traversant le Qhapaq Ñan dans la région.

La route passe ensuite par plusieurs cols et vallées jusqu’au rio Nupe où se trouvaient des sources chaudes incas qui donnent son nom à la ville actuelle de Baños.

Puente IncaCHAKA SUR LES HAUTEUR DE BAÑos

Sur les hauteurs de Baños, le Qhapaq Ñan atteint ses dimensions maximales et son aspect le plus monumental avec ses 15 mètres de largeur ! Ici les bases d’un pont inca traversant un ruisseau.

Tambococha

Après une vallée de prairies d’altitude, la route arrive au lac de Tambococha (le lac du tambo) où elle franchissait les eaux sur une chaussée surélevée. Aujourd’hui, le lac est infranchissable et il est suivit d’une immense vallée marécageuse parsemée de profonds canaux qui constituent un obstacle de taille pour le randonneur !

Cette traversée périlleuse laisse place à une récompense : le tambo de Tunsucancha, également appelé tambo de tambococha. Ce superbe tambo inca est constitué d’un groupe de trois canchas, d’une grande place entourée de Callancas ainsi que de nombreux bâtiments aujourd’hui réutilisés par des bergers. Une ligne de bâtiments circulaires laisse penser que ce tambo administrait probablement de nombreux colcas.

Plusieurs autres bâtiments situés à quelques kilomètres avaient peut être une fonction administrative ou de contrôle, Hyslop émet l’hypothèse d’un rôle important occupé par Tunsucancha à l’époque inca.

Le Qhapaq ñan taillé dans la roche au canyon de Lauricocha

La route inca passe un plateau où se trouve le hameau actuel de Gashanpampa avant de plonger vers un canyon formé par le rio Lauricocha (qui deviendra plus loin l’immense fleuve Marañon, un des principaux affluant de l’Amazone).

Pour descendre au fond du canyon, les incas ont tracé leur route dans une vire rocheuse avant de traverser le rio Lauricocha grâce à au pont d’Incavado dont il ne reste aujourd’hui que les immenses bases.

Col d’Incapollo

La remontée de l’autre côté du Lauricocha mène au col d’Ichichirca puis dans une immense vallée d’altitude jusqu’aux ruines de Tambillo où se niche une de ces écoles perdues dont le Pérou à le secret !

La route franchit alors le dernier et le plus haut col de sa section Nord : le col d’incapollo situé à 4487m d’altitude, le paysage dévoile la vallée d’Andahuayla.

Paysage rocheux sur les hauteurs de la vallée du Rio Huarautambo

La descente vers l’école et le hameau isolé d’Andahuayla est rapide et la route se niche au fond d’une vallée parsemée d’immenses blocs rocheux et de formations géologiques curieuses comme cet immense roché strié par l’érosion.

Le Qhapaq Ñan pénètre dans la vallée de Huarautambo

La descente dans la vallée de Harautambo se fait via de grands escaliers contournant une cascade, on retrouve la végétation de l’étage écologique Suni.

Pont inca dans la vallée du Rio Huarautambo

La descente vers la ville de Huarautambo se fait alors à travers une vallée humide parsemée de ruisseaux traversés au moyen de nombreux ponts inca en pierres.

Tambo de Huarautambo

Le tambo inca de Huarautambo a été englouti par le village moderne et il faut se rendre dans l’arrière-cour de l’école pour découvrir le reste de superbes bâtiments incas à l’architecture fine et notamment une fontaine cérémonielle à trois jets.

Le village actuel adopte probablement une ancienne division inca Hanan/Urin (haut/bas). En effet de part et d’autre de la rivière s’étendent les villages de Huarautambo et Astobamba : deux places, deux écoles, deux mairies, deux communautés paysannes…

Pont de Huarautambo

Le superbe pont inca de Huarautambo a été restauré et offre le plus beau spectacle en saison des pluies lorsqu’un important débit d’eau traverse ses canaux trapézoïdaux. Il a été représenté sur une pièce d’1 Sol de collection par la banque centrale du Pérou en 2015.

Haurautambo marque l’étape finale de l’Inca Naani, la route inca descend ensuite dans la vallée de Yanahuanca avant de poursuivre vers son étape suivante : la traversée du plateau de Junin, la plus grande plaine d’altitude après celle du Collao (que vous connaissez sans doute sous le nom d’altiplano qui abrite le lac Titicaca).

À suivre…

Le projet Qhapaq Ñan 360°

Le projet Qhapaq Ñan 360° a vocation à être enrichi de nouveaux tronçons dans le futur et s’inscrire dans une démarche plus large de base de donnée géo photographique du Qhapaq Ñan, suivez nous sur facebook, instagram ou sur le blog afin d’être informé du futur du projet !

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