Incahuasi de Huaytara

Introduction

Situé dans la vallée du rio Pisco, à 3785 m d’altitude, Incawasi est un site très accessible situé en bordure de la route Libertadores qui relie la ville d’Ayacucho à la côte. Pourtant il reste rarement visité et totalement en dehors de routes touristiques.

Comment s’y rendre

Depuis Pisco : remonter la vallée via la route Libertadores (28-A), passer la ville de Huaytara et au niveau du lac Chocloccocha, prendre la piste qui part du restaurant. Compter 2h30-3h de route. Prendre à gauche à l’embranchement jusqu’à atteindre l’aire de retournement, attention la piste est généralement en mauvaise état et si vous n’êtes pas en 4×4 il est plus prudent de se garer plus haut. De là il faut descendre à pied 5 minutes jusqu’aux ruines.

Il est possible de réaliser cette visite en véhicule privé si vous voyager le long de la panaméricaine ou entre lima et Ayacucho. Sinon il vous faudra trouver un taxi à Huaytara ou à Pisco.

Depuis Huaytara : remonter la vallée via la route Libertadores (28-A) jusqu’au niveau du lac Chocloccocha. Vous pouvez aussi remonter la vallée en marchant par la route inca (13km +1200m !).

Chronologie du site

Le site d’incawasi a été décrit pour la première fois par Max Uhle en 1901, il réalise une description détaillé des ruines ainsi que des photographies et émet une hypothèse quant à sa fonction, celle d’un tambo entre Vilcashuaman et Tambo Colorado, la route inca unissant la région actuelle d’Ica sur la côte et le chemin principal des Andes reliant Quito et Cusco.

Samuel Humberto Espinoza Lozano effectue une étude détaillée des matériaux de construction d’Incawasi et du temple de Huaytara en 1958. Il réalise également la première sectorisation du site qu’il divise en 5 complexes architecturaux.

En 2009, Alberto Bueno Mendoza réalise une nouvelle division du site en 9 secteurs et détermine l’usage rituel des rochers taillés situés à proximité de la rivière.

En 2010, Eberth Serrudo effectue une analyse fonctionnelle du site afin de déterminer l’usage de chaque secteur, il divise de site en six secteurs qu’il nomme alors par leur fonction.

En 2012, le programme Qhapaq ñan du ministère de la culture met en place un plan de conservation pour le site et se rend compte que la population locale a déjà effectué des travaux non autorisés sur le site : la construction d’une toiture sur le secteur 2 ainsi qu’un mur dans le lit de la rivière.

Il faudra attendre 2014 pour que soit mis en place un projet d’investigation et « mise en usage social » dans la cadre de l’étude du tronçon de route inca Vilcashuaman – Pisco. En 2015, une nouvelle sectorisation officielle sera réalisée par le ministère de la culture afin d’éviter les confusions.

Les études du projet Qhapaq Ñan tendent à démontrer que le site aurait été occupé avant les incas et qu’il aurait été une importante Huaca régionale. Les incas se seraient alors approprié le site et sa zone rituelle. Selon Alberto Bueno Mendoza, la région était occupée par les Chukurpu (800-1450) dont dérive le nom « Chocorvo » en espagnol. La zone andine de Huancavelica était quant à elle occupé par les Chankas qui plus tard se déplaceraient au gré de conquêtes vers Ayacucho puis Cusco.

La défaites des Chankas à Cusco contre Pachacutec marque alors le début de l’expansion du Tawantinsuyo : l’empire inca. La route inca traversant le site aurait été en usage durant la période coloniale et la découverte d’objets d’époque dans le complexe 6, laisse penser que ces bâtiments isolés auraient été construits après l’époque inca.

Visite

Le site d’Incawasi de Huaytara est construit en bordure du rio Incawasi et 90% de ses constructions se trouvent en rive gauche. Il est associé à un tronçon du Qhapaq Ñan qui traverse le secteur.

Le nom incawasi qui signifie « maison de l’inca », est un nom classique pour désigner n’importe quelle ruine inca au Pérou. Afin d’éviter les confusions avec d’autres ruines le site est donc dénommé Incawasi de Huaytara.

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CA 1 (Complexe architectural) 1 ou secteur 1 : administratif religieux

Ce secteur en mauvais état de conservation est composé d’une grande plateforme sur laquelle s’élevaient des bâtiments. On ne distingue plus que des murs ornés de niches trapézoïdales.

CA2  ou secteur 2 : résidence d’élite, Inkahuasi

Ce secteur a été fouillé et restauré en 2014. Il est composé d’une immense plateforme artificielle sur laquelle se dressent deux bâtiments entourant une porte à double jambage finement ouvragée dans un style impérial. La porte ouvragée donne sur une place à travers un escalier de 5 marches. Les deux bâtiments possèdent chacun leur porte trapézoïdale donnant sur l’extérieur du bâtiment. Les linteaux des trois portes ne sont plus en place.

Les parties supérieures des bâtiments en adobes ainsi que la toiture ont été construits par les habitants sans autorisation afin de protéger les bâtiments.

Les étages des bâtiments sont ouverts sur la grande place.

CA3 ou secteur 3 : Acllahuasi

Ce bâtiment est construit au pied de deux immenses roches, il possède un mur impressionnant en pierres finement agencées et il est orné d’une superbe porte ayant conservée son linteau. Un escalier mène à l’intérieur de la cancha entourée de cinq bâtiments ornés de niches trapézoïdales.

CA 4 ou secteur 4 : Cérémoniel, religieux

Situé au bord du rio Vizcacha, ce secteur possède plusieurs édifices. Un petit bâtiment niché au pied de l’immense rocher est orné d’un mur avec des niches finement ouvragées.

Plus haut, se trouvent deux fontaines. La première fontaine est assez classique et similaire à celle que l’on trouve à Cusco, formée d’une grande pierre parfaitement agencée dans un mur et d’un petit bassin pour recueillir l’eau, elle n’est plus en fonctionnement.

La seconde fontaine est une immense roche située dans la rivière et dans laquelle ont été taillés trois compartiments. La cascade est probablement naturelle et les incas n’ont eu qu’à mettre en scène la nature pour créer cette fontaine cérémonielle.

Sur le chemin se trouve une autre roche taillée dans laquelle ont été formés des petits bassins probablement rituels.

CA 5 ou secteur 5 : Colcas 

Ce secteur est le seul à être situé en rive droite du rio Viscacha. Il a été fouillé en 2017,  le sol était recouvert d’une couche d’herbes sèches afin d’isoler le bâtiment, et les entrées étaient étroites, peut-être pour limiter l’entrée de la lumière à l’intérieur du bâtiment. L’absence d’objets semble indiquer que le site a été vidé ou n’a jamais été occupé et qu’il n’a pas été réutilisé après l’époque inca.

CA 6 ou secteur 6 : structures isolées

Ces bâtiments ont été fouillés en 2017, ce qui a permis de définir deux périodes d’occupation. Une première à laquelle correspondent un canal et des fours et la seconde révélant une activité domestique et de la céramique coloniale. Ce bâtiment a pu avoir un usage domestique dès l’époque inca puis avoir été utilisé jusqu’à l’époque coloniale.

Qhapaq Ñan

Le site d’incahuasi est associé au chemin inca reliant Vilcashuaman à la vallée de Pisco sur la côte. On peut encore reconnaitre le chemin qui traverse le site de part en part. Un tronçon presque complet traverse la vallée et les cultures jusqu’à Huaytara. Plus haut, le chemin traverse les hauts plateaux en suivant presque le tracé de la route actuelle avant de se perdre dans les prairies.

Le saviez-vous ?

  • Incahuasi aurait pu être un site non terminé par les incas et jamais occupé de manière permanente.
  • Incahuasi ou « maison de l’inca » en quechua est un toponyme très classique dans les Andes, ne pas confondre incahuasi de Huaytara avec l’incahuasi de Lunahuana ou celui de Puncuyoc par exemple !
  • La route Libertadores entre Pisco et Ayacucho abrite de nombreuses ruines importantes comme Tambo Colorado, Huaytara et Incahuasi de Huaytara.

Infos pratiques

  • Prix d’entrée : Gratuit !
  • Type d’accès : Véhicule.
  • Temps d’accès : 5 minutes à pieds.
  • Département/Province : Huancavelica / Huaytara
  • Altitude : 3785 m
  • Ville de départ suggérée : Huaytara ou Pisco
  • Temps de visite : 1h minimum
  • Service de guide : Non
  • Service de muletiers : Non
  • État du site : partiellement restauré
  • Musée de site : Non, pour visiter un musée régional il faut se rendre à Huaytara.

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