Cerro Miraflores

Situé à 3350 m au-dessus du quartier d’Alto Shamana, le Cerro Miraflores surplombe la ville de Huamachuco offrant un point de vue imprenable sur la région.

Derrière un aspect de forteresse, le site abrite de nombreux éléments caractéristiques d’un site religieux ou résidentiel.

Comment s’y rendre

Depuis Huamachuco : Prendre un mototaxi, ils connaissent les ruines accessibles en 10 min depuis le quatier d’Alto Shamana (5 Soles environ). On arrive rapidement au poste de contrôle du site.

Rejoindre Huamachuco : Depuis Cajamarca, des colectivos se rendent à Cajabamba toutes les heures (4 h de route, 20 Soles). De Cajabamba d’autres colectivos rejoignent Huamachuco en 2h (20 Soles).

Depuis Trujillo des bus se rendent à Huamachuco en 5h (Tunesa, Av. Cesar Vallejo 1390 Trujillo).

La randonnée

Une courte marche débute depuis la route goudronnée, suivre l’une des trois rues qui montent raide le long du Cerro Miraflores (attention aux groupes de chiens peu accueillants, bâtons et/ou cailloux recommandés !), au sommet tourner à droite sur une piste qui longe la montagne jusqu’à rejoindre le poste de contrôle du site archéologique. Retour par la même route.

Chronologie du site

La période probable d’occupation du site s’étend de 500 à 1100. Le Cerro Miraflores a été construit durant l’intermédiaire initial, peut-être à une époque contemporaine au secteur Las Monjas de Marcahuamachuco. Il a ensuite été occupé pendant l’horizon moyen (incursion Huari) avant d’être abandonné durant l’intermédiaire tardif.

Curieusement le Cerro Miraflores n’a pas été visité ou documenté au XIX eme siècle par les explorateurs qui sont passés dans la région et ont visité Marcahuamachuco ou Wiracochapampa.

Entre 1970 et 1990 Mc Cown et Thatcher réaliserons des visites et collectes de céramiques. Puis les Topics l’intégreront à leur cadastre de 177 sites de la région.

En 2005 Yamamoto enregistre le site en distinguant ses deux sommets.

À la fin de l’année 2015 l’unité régionale 007 du ministère de la culture débute une campagne de fouilles et mise en valeur du site qui va durer jusqu’en 2017.

Visite

Le site de Cerro Miraflores occupe une montagne sur une surface de 13 hectares. Les deux sommets de la montagne le Cerro Miraflores (3350m) et le cerro pan de azucar ont été couronnés de bâtiments construits sur des plateformes artificielles appelées A pour la principale (cerro Miraflores) et B pour la seconde (cerro pan de azucar).

Image : Rosas Rintel

Le site offre une vue sur les montagnes voisines mais reste malgré tout isolé par une géographie complexe caractérisée par la présence de vallées profondes.

Plateforme B

La plateforme mesure 610 m2, elle était occupée par une série de bâtiments et par un ample espace vide qui aurait pu servir à exposer une Huanca : une stèle sacrée. La zone a été fortement endommagée par des pillages et aurait pu être dédiée à des enterrements et rites funéraires.

Plateforme A

Cette plateforme de 3240 m2 abrite la principale construction du site composé de bâtiments de type galeries en forme de D et orientés à l’Est. Si le site a été largement endommagé et ses murs démontés, les récents travaux de mises en valeur permettent de mieux apprécier son architecture monumentale.

Murailles

Le cerro Miraflores est entouré de quatre « murailles » successives entourant le flanc Est du site. Ce sont en réalité des immenses murs de contention. Le plus grand mur mesure près de 700m de long, 4 m de large et les parties les plus hautes encore conservées culminent à 4m. Au Nord se trouve une grande porte qui organise la circulation au sein du site, elle était composée d’immenses blocs de pierre formant le jambage. La seconde muraille possède également une porte légèrement décalée à l’Est par rapport à la porte de la première muraille (le chemin de visite actuel ne passe pas par cette entrée), cette porte donnait accès à un bâtiment rectangulaire. La seconde muraille mesure 2 m de largeur et atteint 6,5m de hauteur sur la partie qui borde l’actuelle entrée du site.

Image : Rosas Rintel

La troisième muraille suit la forme des murailles précédentes même si sa limite Sud Est reste imprécise et présente trois murs parallèles qui pourraient correspondre à un renforcement de l’ouvrage suite à un glissement de terrain. Notons que la plateforme B possède un mur semblant prolonger cette troisième muraille. 

La quatrième muraille était probablement la seule à ceinturer totalement le site même si sa partie Sud est invisible. Un superbe escalier situé au Nord-Ouest permet d’accéder à la plateforme.

Les principaux édifices de la plateforme A

Le bâtiment le mieux conservé de la plateforme mesure 38x5m et possède trois ouvertures, sa hauteur atteint 4 m et sa configuration semble correspondre à une salle avec niches définie par Topic, avant des fouilles effectuée en 2015, ce bâtiment était presque entièrement enterré. La présence d’une rangée de pierres proéminentes semble indiquer que ce bâtiment possédait un étage.

Ce bâtiment est bordé de plusieurs édifices séparés et on notera la présence d’un mystérieux édifice circulaire dont l’intérieur possède deux murs, la hauteur actuelle des murs dépassant à peine 50 cm lui donnant l’apparence d’un symbole tracé au sol.

Un ensemble de pièces entoure la plateforme partant de l’escalier et bordant la place sommitale jusqu’au Sud. Il s’agit probablement d’une seule et même galerie composée de plusieurs pièces.

Un ensemble de bâtiments composé de 5 pièces se trouve au Nord, probablement une galerie. Un autre ensemble s’étend au Sud et il est composé d’un alignement de 7 pièces s’échelonnant dans la pente.

Le sommet de la plateforme A, forme un superbe mirador et ressemble à une sorte de place, cependant les restes dégagées par les fouilles récentes montre qu’il était ornée de d’au moins 3 petits édifices.

De nombreux trous rectangulaires formés par 4 pierres auraient pu servir de foyer d’usage domestique ou de cavités destinées à des cérémonies d’offrandes.

La partie Sud du site a été impacté par l’agriculture et la construction de murs en pierre réutilisant des matériaux du site archéologique. Sur le flanc Sud-Ouest s’étend une large crête qui descend en direction du Rio Grande. La crête abrite des plateformes artificielles et des chullpas. Ce secteur encore sous la végétation devrait être fouillé prochainement.

Image : Rosas Rintel

Carrières

Le cerro Miraflores abrite deux carrières où ont été extraites les roches destinées à la construction. L’un d’elle se trouve près du croisement des chemins des sommets A et B sous la quatrième muraille. Il s’agit d’un affleurement rocheux dont l’exploitation intensive a laissé un large trou de 25x18m. L’autre en forme de demi-lune se trouve sur le flanc de la montagne sur la plateforme B et mesure 35x12m, des blocs d’andésites et de basaltes probablement utilisés comme percuteurs ont été retrouvé ici.

Conclusion

Le site de Miraflores se caractérise principalement par ses deux plateformes sommitales et ses murailles successives, il se distingue ainsi des autres sites de la région qui possèdent des éléments architecturaux récurrents comme Wiracochapampa, Marcahuamachuco ou Cerro Sazon. Cette différence pourrait indiquer une fonction particulière.

Les premiers archéologues comme Thatcher, Mc Crown ou Lanning considèrent le site de Cerro Miraflores comme une position défensive sans l’avoir étudié. Ce courant de pensée militariste qui tend à considérer les sites positionnés en hauteur et entourés de murailles comme des forts, des sites militaires ou défensifs est alors dominant. C’est ainsi que de nombreux sites du Pérou sont aujourd’hui dénommés « fortaleza » : forteresse, ou « castillo » : château. Jusqu’aux années 2010, personne ne viendra réfuter la fonction défensive ou militaire du Cerro Miraflores. Une thèse de Marco Rosas Rintel rédigée en 2018 tente de démontrer scientifiquement une éventuelle fonction cérémonielle du site grâce à une comparaison de fragments de céramiques retrouvés sur le site, mais les résultats indiquent au contraire qu’une majorité des céramiques seraient plutôt liée à un usage domestique.

L’hypothèse de la fonction militaire reste toutefois difficile à  démontrer, et pour le moment il n’existe aucune évidence de conflits guerriers dans la région à cette époque.

Une troisième hypothèse émise par Vizconde García serait que le Cerro Miraflores ait été un complexe résidentiel, ses « murailles » auraient été destinées à augmenter la surface au sol et sa position élevée aurait permis d’éviter d’occuper les fonds de vallées humides fréquemment inondés. Les fouilles réalisées en 2015 ont ainsi dévoilées les bases de nombreux bâtiments qui modifient l’aspect de plateforme auparavant vide. Cependant pour le moment, les fouilles n’ont pas permis d’identifier des cuisines ou des dépôts d’aliments qui permettraient de confirmer la fonction résidentielle du site.

Le cerro Miraflores reste donc un site archéologique mystérieux dont la fonction n’est pas exactement définie. De même la chronologie et les interactions entre les sites principaux de la région restent un grand inconnu que devront résoudre les archéologues et historiens.

Le saviez-vous ?

  • À moins de 20 km de Huamachuco se trouvent les Escalerillas, l’un des plus beaux secteurs d’escaliers du Qhapaq Ñan, le réseau des routes incas.
  • Toutes les montagnes autour de Huamachuco sont parsemées de ruines !
  • À une trentaine de kilomètres à vol d’oiseau de Huamachuco, John Topic a retrouvé l’oracle de Catequil, ce dieu andin ancêtre des Huamachucos était très important. Comme Pachacamac, il était révéré dans une large région et possédait des sanctuaires secondaires loin de sa zone d’origine.
  • Des fouilles devraient être menées dans un secteur funéraire de la partie Sud du Cerro Miraflores.
  • Huiracochapampa, Marcahuamachuco et Cerro Miraflores sont 3 sites extraordinaires encore totalement à l’écart des circuits touristiques du Nord Pérou, dépêchez vous de les visiter !

Infos pratiques

  • Prix d’entrée : Gratuit… pour l’instant !
  • Type d’accès : En voiture.
  • Temps d’accès : 10 minute en mototaxi.
  • Département/Province : La Libertad / Sanchez Carrion
  • Altitude : 3350m
  • Ville de départ suggérée : Huamachuco.
  • Temps de visite : 1 à 2h
  • Service de guide : Non
  • Service de muletiers : Non
  • État du site : Restauré et mis en valeur.
  • Musée de site : Non

Sources

Marco Rosas Rintel. Definiendo la función de Cerro Miraflores, un sitio arqueológico del Área Cultural Huamachuco, a través del estudio de fragmentería cerámica excavada. 2018, Lima PUCP.

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